Le voyage commence!

Et voilà, le jour J est arrivé. Bizarrement, je me sens tranquille, peut être que je suis trop fatiguée pour réaliser, peut être que les émotions et le stress sont derrière moi... on finit de préparer les dernières affaires, et c'est au moment où on prend la route pour Bordeaux que le stress monte: pourvu qu'on n'ait rien oublié, on peut pas faire demi tour. On passe manger à Mérignac, on passe beaucoup de temps à l'aéroport, mais ce n'est pas grave, les enfants sont surexcités mais c'est encore gérable.

Premier avion, premières émotions, premiers rires! C'est la première fois que les enfants prennent l'avion et la seule chose qui les interpellent, c'est la langue espagnole employée par les hôtesses Iberia.

Arrivée à Madrid, l'aéroport est immense, on se perd, on est chargées comme des mules, ma mère et moi on stresse du non stress des enfants, ils circulent come s'ils avaient toujours voyagé. Même pas peur, ils courent partout, on est chargées alors pas le coeur ni la patience de les laisser faire. Quelques cris, quelques frayeurs, quelques courses dans la zone sécurisée et nous voilà enfin dans l'avion pour Santiago. 

Là, panique, l'avion est complet et overbooké. Nous ne sommes pas placés ensemble. Mamie voyagera donc seule à l'avant, et après des échanges cordiaux avec nos voisins de siège, nous parvenons à nous installer tous les trois ensemble. Il est plus de minuit, les enfants ne sentiront même pas le décollage, rateront le repas et dormiront comme des bébés. Ma puce se réveille tôt. On verra le soleil se lever à travers les hublots, c'est beau, on ne sait pas quelle heure il est mais peu importe on est bien, on apprécie l'instant!

Pourtant, toujours pas de sentiment fort. Le moment clé du vol sera marqué par les traditionnels applaudissements à l'atterrissage. Ca y est, je commence à réaliser qu'on arrive au Chili, la Terre Promise est là, à quelques minutes, à quelques centaines de mètres. Mes larmes affluent au rythme des applaudissements que je partage avec passion avec le reste des voyageurs.

Des amis nous attendent à l'arrivée, la fatigue est immense, autant que la joie de les revoir, de les serrer dans nos bras. Ils nous déposeront à l'hotel et s'éclipseront très vite, respectant notre fatigue plus qu'apparente. J'avais prévu des DVD en français et en basque pour les enfants, mais ils regardent la télévision chilienne sans même se poser de questions par rapport à la langue. elle s'endort sur le lit, nous nous reposons aussi, il est fasciné par la télé, il faut dire que lui a bien dormi dans l'avion.

On est arrivés à dix heures du matin sur le sol chilien, à quinze heures on parcourt les rues de la capitale. La Alameda, el paseo Ahumada, el Cerro Santa Lucia, la plaza de Armas, des lieux qui me sont familiers, et si chers à mon coeur d'exilée. C'est Santiago, c'est le Chili, c'est le bonheur. Pourtant, treize ans sont passés depuis mes derniers pas ici, je ne (re)connais rien, tant d'années sont passées que pour moi c'est une découverte.

L'espagnol est de rigueur, mais entre nous, bien évidemment nous ne parlons que français. L'émotion des retrouvailles avec le pays, avec les gens, ce sera pour plus tard. Je me sens totalement touriste, contrairement à ce que j'avais vécu treize ans auparavant. L'effet enfants sans doute. Mais aucun regret. J'ai réussi à les emmener sur ma terre de naissance et c'est ce qui compte.  Je sais que cette émotion qui m'étreint quand je pense à mon pays va se diffuser au compte goutte dans mes veines et dans mon coeur. Au hasard des rencontres et des retrouvailles. Au gré des souvenirs qui vont affluer du plus profond de ma mémoire. Tout est là, à portée de main, à portée de coeur, à porter d'heureuses larmes qui n'auront de cesse de couler. Chile, nous voilà, tu nous ouvres tes bras, nous nous lovons dans ton sein.

Chilito lindo, aqui estamos...

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